La bioinformatique au service de la cosmétique : analyser, collaborer, vulgariser
04/06/2025
Carte d'identité:
Félix Giraud
Statut : Cadre
Formation : Master en bio-informatique parcours Développement de logiciel et analyse de données (Marseille)
Poste : Chargé d'etude en bio-informatique et biostatistique chez NAOS (Bioderma - Institut Esthederm - Etat Pur)
Entretien
Quels sont vos domaines de recherche ou d’expertise ?
Mon domaine d’expertise est le microbiome cutané. Cependant, je suis souvent sollicité pour analyser tout type de jeux données biologiques (lipides, protéines, métabolites). Mon travail consiste à analyser l’impact des produits cosmétiques sur le microbiome cutané. Pour cela, je traite des données de séquençage de la région hypervariable du gène 16S des bactéries. L’objectif final est de vulgariser les résultats scientifiques sous forme graphique pour qu’ils soient compréhensibles par le plus grand nombre.
Pourriez-vous décrire une journée type ? Travaillez-vous avec d’autres bioinformaticien·ne·s ?
Je n’ai pas de journée type, car mon travail varie fortement selon les périodes de l’année et dépend du calendrier des études in vivo que nous menons. Je résumerai mon activité autour de trois grandes phases :
1. Conception de l’étude
Je collabore avec des biologistes spécialistes de la peau pour élaborer un protocole expérimental cohérent avec la problématique ou la pathologie étudiée. Cette phase de réflexion est cruciale pour garantir la pertinence scientifique des données à venir.
2. Analyse des données
À la réception des résultats bruts, je consacre plusieurs jours, voire semaines, à l’analyse des données et à la création de représentations graphiques. Cette étape implique de nombreux échanges entre bio-informaticien et biologiste, afin de tirer le maximum d’informations pertinentes des résultats obtenus.
3. Présentation et valorisation des résultats
Une fois l’analyse terminée, je présente les conclusions à différents interlocuteurs, allant des experts techniques aux équipes marketing. Cette phase nécessite un important travail de vulgarisation, pour adapter le discours et les supports à chaque public cible.
Quelles ont été vos motivations pour vous diriger vers le secteur privé ?
J’ai toujours été attiré par le travail dans le privé. Nous avons beaucoup moins de contraintes financières pour lancer des études que dans le public, tout en gardant une certaine liberté dans le design de nos études (du moins chez NAOS).
Le principal inconvénient, selon moi, est qu’un projet peut être scientifiquement passionnant, mais s’arrêter brutalement s’il n’est pas jugé suffisamment rentable ou stratégique à un moment donné.
Quel avenir imaginez-vous pour la bioinformatique ?
Il s'agit d'une question complexe. Dans le domaine de la cosmétique, on observe ces dernières années une forte croissance de l'activité, notamment portée par l'intérêt croissant pour le microbiome. Ce dernier étant impliqué dans de nombreuses pathologies, les études basées sur le séquençage de l'ADN se multiplient.
Par ailleurs, plusieurs entreprises émergent, proposant des solutions clés en main ou un accompagnement spécialisé pour l’analyse des données.
À mon sens, le secteur de la bioinformatique est encore en pleine expansion, et cette dynamique devrait se poursuivre dans les années à venir.
Votre message à destination des étudiants/jeunes bioinformaticien·ne·s ?
Dans le privé, on ne travaille jamais seul : la collaboration avec les biologistes est au cœur du métier. Et au-delà de l’analyse, savoir vulgariser les résultats pour les rendre accessibles aux équipes non techniques est une compétence clé. Maîtriser les données, c’est bien. Savoir les faire parler clairement, c’est encore mieux.